Un correspondant nous signale cet article de Challenges :
" L'histoire ressemble aux "success stories" qui nourrissent encore aujourd'hui le rêve américain. Un vétéran de la guerre du Golfe, la première, décroche son diplôme de droit à la prestigieuse université américaine de Berkeley en 1996. Il se spécialiste comme avocat de la bulle internet de la Silicon Valley, bien avant que celle-ci n'explose. L'homme raconte à l'envi qu'il a eu les fondateurs de Yahoo! en tant que clients alors que la boîte démarrait à peine. Puis avec l'argent récolté, Charley Moore s'en va créer en 2008 Rocket Lawyer afin de démocratiser le droit au pays de l'Oncle Sam.
La start-up grandit si bien qu'elle est le premier site légal en ligne aujourd'hui aux États-Unis, avec 16 millions d'utilisateurs revendiqués. Le business model semble limpide: un forum pour tâter le pouls des attentes ainsi que des modèles personnalisables d'actes juridiques payables à l'acte (19,90 euros) notamment pour les particuliers ou sur abonnement en version illimitée (39,90 euros par mois) pour les PME. Quelques questions sont disponibles vers des avocats partenaires mais dès que le problème juridique gagne en complexité, Rocket Lawyer dirige ses clients vers des avocats.
Objectif: leader du marché d'ici 2 ans
Après avoir testé le marché européen en 2012 en Grande-Bretagne, Rocket Lawyer est désormais disponible en France depuis le printemps dernier, avant l'Espagne et les Pays-Bas sous peu. "Le continent européen est notre terrain de jeu", glisse Christophe Chevalley, directeur général France de la start-up. L'homme n'a pas peur de se fixer des objectifs ambitieux: "On veut être le principal acteur de la Legal Tech en France d'ici 2 ans".
Le but de la start-up n'est pas de faire de l'ombre aux avocats mais de s'adresser aux problèmes juridiques qui ne sont pas couverts à l'heure actuelle dans les cabinets français faute de temps ou de moyen à consacrer. "On s’adresse aux particuliers et aux très petites entreprises ainsi qu'aux associations. Ce sont des marchés qui ne sont absolument pas traités par l’édition juridique aujourd’hui qui est orientée vers les professionnels à partir de 50 salariés", ajoute le DG. Et de citer les propos grandiloquents du fondateur Charley Moore "On ne vit pas dans une vraie démocratie, si on n’a pas accès à un avocat".
Snapchat, Twitter et Facebook comme modèles
"Notre valeur ajoutée est de rendre les choses simples, se vante Christophe Chevalley. Notre Mojo est de dire que «le droit, ça peut être fun.». Nos modèles, ce sont Snapchat, Twitter et Facebook, mais pas LexisNexis ou Dalloz. On est un service à la Netflix, sur abonnement, et on peut s'arrêter à tout moment. On veut mettre le droit dans l’usage des gens". A côté du forum, des "interviews" permettent de personnaliser des actes simples comme la création de statuts d'une entreprise ou encore un CDD. 120 documents sont actuellement disponibles dans la base, il y en aura le double d'ici 2 ans alors que la start-up ne compte qu'une vingtaine de salariés. Les thématiques abordées vont de relations salarié-employeur, à celles de bailleurs-locataires en passant par les éventuelles divorces, pensions alimentaires sans oublier quelques sujets de propriété intellectuelle.
"Les juristes geeks" fonctionnent "en mode start-up" afin d'être "toujours plus près des usages" tout en assurant mettre "l'avocat au coeur du service tout en préservant son indépendance". Hors storytelling et langue de bois, la start-up s'avance dans un univers ultra concurrentiel. La Legal Tech française n'a pourtant pas attendu l'arrivée de son voisin américain pour se développer. Captain Contrat, eJust, Call a Lawyer, JuriTravail ou encore Legalstart sont déjà bien implantés.
Évangélisation du marché
En off, de nombreux acteurs de la Legal Tech taclent la joint-venture réalisée par la start-up en France avec les Editions Lefebvre Sarrut (ELS), premier éditeur juridique et fiscal en France et quatrième au monde détenant entre autres Dalloz ou les Editions Législatives, qui permet à la start-up américaine de piocher dans les abondantes bases de données. "Ils ont été dragués par ELS pour apporter leur marque, leur notoriété ainsi que leur technologie à un groupe qui peine à innover mais qui leur apporte l'argent et constitue leur équipe. D'ailleurs c'est étonnant car ils ne sont pas tous très web alors que la start-up américaine a fait ses preuves".
"C'est un signal très positif pour la Legal Tech s'enthousiasme Philippe Wagner, cofondateur de Captain contrat. Avec leurs moyens importants, ils vont évangéliser le marché et montrer qu’on est dans une ère où on simplifie l’accès au droit. Cela va être bénéfique pour nous de montrer qu'on peut traiter des problèmes très simples sur internet mais également d'autres plus complexes".
En off toujours, des acteurs importants du secteur taclent le côté "do it yourself" de la start-up américaine et son côté pour l'instant non exhaustif car tourné très grand public. La guerre entre start-up de la Legal Tech semble belle et bien lancée."